
La ré érection de Trump aura été possible aujourd’hui mais elle ne l’est pas encore…
« C’est un peu fort ! Vous n’allez pas soutenir que l’avenir influe sur le présent, que le présent introduit quelque chose dans le passé, que l’action remonte le cours du temps et vient imprimer sa marque en arrière ? »
Cela dépend. Qu’on puisse insérer du réel dans le passé et travailler ainsi à reculons dans le temps, je ne l’ai jamais prétendu. Mais qu’on y puisse loger du possible, ou plutôt que le possible aille s’y logé lui-même à tout moment cela n’est pas douteux. Au fur et à mesure que la réalité se crée, imprévisible et neuve, son image se réfléchit derrière elle dans le passé indéfini; Elle se trouve ainsi avoir été, de tout temps possible, mais c’est à ce moment précis qu’elle commence à l’avoir toujours été. Voilà pourquoi je disais que sa possibilité, qui ne précède pas sa réalité, l’aura précédé une fois la réalité apparue. Le possible est donc le mirage du présent dans le passé. Et comme nous savons que l’avenir finira par être du présent comme l’effet de mirages continuent sans relâche à se reproduire, nous disons que dans notre présent actuel qui sera le passé de demain, l’image de demain est déjà contenue quoi que nous n’arrivons pas à la saisir. Là est précisément l’illusion. C’est comme si l’on se figurait en apercevant son image dans le miroir devant lequel on est venu se placer, qu’on aurait pu le toucher si l’on n’était resté derrière…
Henri Bergson, Le Possible et le Réel
