Jeux inter dits:)

Qu’attendons-nous pour inattendre la vie?

Voici un article écrit par une sirène, une étoile, un gardien de phare et la fameuse C au sujet du métier de Gardiennes et de Gardiens de phares d’Étoiles 🙂

Les jeux de la vie et du hasard

Tout dépend du hasard, et la vie est un jeu.

Jean de Rotrou

Dans un monde voué au rendement, à la vitesse et à la performance, l’inattendu devient vite le grain de sable qui vient s’immiscer et contrarier les rouages parfaitement rythmés de nos existences surbookées.

D’ailleurs paradoxalement, depuis que nous sommes dans une société dite « de loisirs », nos vies n’ont jamais été si chronométrées et planifiées. Avec nos innombrables jouets technologiques, nous cherchons à tout contrôler. Y compris et surtout le temps. Il faut dire qu’être de son temps, prend beaucoup de temps. Alors les espaces temps qui nous échappent et l’on ne maitrise pas, comme le hasard et de l’inattendu, deviennent encombrants en plus d’être une perte de temps.

Le seul hasard encore tolérable et admissible devient celui que l’on trouve dans les jeux à gratter et tous ceux que l’on qualifie de « jeux de hasard », où la seule chose qui ne relève pas du hasard est qu’on y perd souvent beaucoup d’argent. Pour le reste, notre avidité à vouloir éradiquer l’imprévu est en train de devenir telle, que celui qui inventera l’application pour Smartphone qui permettra de prévoir le hasard sera déifié dans la seconde, et ce à l’échelle planétaire !

Il parait bien loin le temps où ce phénomène intriguant et mystérieux fascinait tellement l’homme qu’il a cherché à en décrypter le sens depuis la nuit des temps. On oublie qu’il fût un temps, pour un grand nombre de civilisations, les coïncidences – ces petites sœurs du hasard – ont même été considérées comme des présages divins et l’on a longtemps pensé qu’il existait des liens prémonitoires entre les faits observés et des évènements futurs. Le hasard était considéré en quelque sorte comme l’écho d’une danse sacrée, une résonance du chant de l’Univers… Alors, si nous ne laissons plus de place au hasard, comment voulez-vous que l’écho ainsi danse ?

Plus sérieusement et sans verser dans le marivaudage psycho spirituel pourtant de bon ton actuellement, quel espace laissons-nous réellement au jeu de la vie et du hasard, dans nos existences consciencieusement minutées ?

« Jouer, c’est expérimenter le hasard » disait Novalis, pourtant le paradoxe de notre société d’aujourd’hui est bien là : plus nous avons de jouets, plus ils deviennent sophistiqués et moins nous savons jouer avec la vie et expérimenter le hasard.

Alors, sommes-nous encore capable d’accueillir le hasard, ce facétieux et imprévisible trublion qui s’oppose au rationalisme et au déterminisme ambiants qui caractérisent notre époque et lui enlèvent, petit à petit, toute dimension d’aventure ?

Le 21ème siècle sera-t-il, malgré tout, le témoin de l’émergence de l’Homo Ludens et non pas seulement de l’Homo Numéricus ? C’est en tout cas une idée qui pourrait faire son chemin puisque déjà en 1938 l’historien néerlandais Johan Huizinga dans un essai consacré à « L’homme qui joue » (Homo Ludens), expliquait que la dimension du jeu est essentielle pour comprendre l’homme au-delà des paramètres de connaissance-savoir (Homo Sapiens) et de travail (Homo Faber). Il y démontrait que le jeu est un facteur fondamental de tout ce qui se produit au monde et la présence extrêmement active et prolifique du jeu dans l’avènement de toutes les grandes formes de la vie collective : poésie, musique et danse, sagesse et science, culte, droit, et même celles du combat et de la guerre.

Et si le jeu était le cœur et même au cœur de la vie ?

Dans son prochain et dernier ouvrage , à paraitre7 fois dans la forêt de Tequenonday, le bizzart Mister Chance a choisi de proposer une voie à la fois psycho-philo-poético-scientifico bizzart pour explorer l’idée qu’il y a quelque chose d’invisible qui vient jouer une partie du temps avec nous et à travers nous, dans un grand jeu sacré appelé la Vie. Un quelque chose d’inattendu bien entendu, qui nous invite à (r)éveiller le sens du jeu de notre petit « je » afin qu’il compose sa musique originale sur la partition du grand « U » de l’Universel. 

Ainsi selon lui, le sens du jeu au quotidien, ne se limite pas à la définition ludique et classique du terme, mais est une notion bien plus étendue et multi dimensionnelle. Une véritable philosophie de vie en quelque sorte.

Il s’agit d’abord de l’espace que nous nous donnons pour inventer notre vie comme lorsqu’elle est trop serrée et qu’elle manque d’imagination. C’est aussi l’espace de création qu’on offre à l’autre pour le laisser s’inventer lui même et faire jaillir les idées de génies qui se cachent dans cet espace entre nous. Mais c’est aussi et surtout découvrir notre « je-U » unique avec l’Universel. 

Bizzartiste et co auteur de quelques ouvrages bizzarts dont Les Attractions de l’âme et Dense est le chaos, compositeur de musique électronique à seize heure, le sens du jeu de la vie de Mister Chance est vaste

Rencontre et conversation ludiquement sérieuse autour du jeu, de la vie et du hasard, avec un auteur à l’esprit incompréhensible et parfois novateur, pour qui, sans nul doute, la maturité de l’homme c’est d’avoir retrouvé le sérieux qu’on avait au jeu quand on était enfant.

C : Mister Chance vous avez habitué vos lecteurs à des livres « sérieux », notamment sur la symphonicité dans les Attractions de l’Âme. Alors le sujet de votre nouveau livre sur « l’essence du jeu des étoiles » peut sembler un peu plus léger. Dans quel sens faut-il le prendre ?

MC : Avec ce livre je voulais donner du jeu à mon coté hyper mega grave et sérieux mais je n y suis pas arrivé alors j’ai réussi. Plus personnes ne me prend au sérieux et cela me libère. Le milieu des gardiens et gardiennes de phare est souvent très très sérieux alors je me suis éloigné du milieu pour aller explorer les cotés et allumer mon phare en enfer. Avoir le sens du jeu c’est plus qu’un état d’esprit, c’est  un état d’être. Un mode de vie, de vivre sa vie de manière unique.

Pour moi, avoir le sens du jeu c’est avant tout savoir partir de ce qui est là sans fuir ce qui est là. Par exemple concrètement, votre première question peut nous offrir, à vous et moi, l’occasion de développer notre sens du jeu. Vous allez m’interviewer et  me poser une série de questions préparées à l’avance, n’est-ce pas ? Et bien je vous propose de les oublier et que nous mettions en pratique notre sens du jeu ensemble ! Partons de ce qui est là, c’est-à-dire vous, moi, et cette rencontre, et soyons improvisibles ! Revenons à l’essence de l’interview qui est la conversation, et laissons émerger spontanément les idées qui se cachent entre nous !

C : Intriguant… des idées seraient cachées entre nous et je ne serais pas au courant ? J’ai l’impression que le sens du Sens du Jeu est comme un origami, il est multi plié !

MC : Tout à fait ! En fait, je suis parti de l’idée phare que dans la vie, soit on joue soit on est joué. Ce sont deux polarités auxquelles on n’échappe pas. Allumer notre sens du jeu c’est accepter ces deux polarités, dépasser cette opposition et toutes les dichotomies en général en regardant le 3ème coté des choses. Ceux qui jouent vont partir de ce qui est là, de ce qui est présent, pour inviter la vie, tandis que ceux qui sont joués, vont fuir ce qui est là afin d’éviter la vie.

Pour moi le sens du jeu possède trois dimensions fondamentales : D’abord c’est l’espace, le jeu que l’on se donne pour inventer notre vie et être soi-même. Le mot jeu signifiant aussi le lest que l’on donne à une corde lorsqu’elle est trop serrée par exemple. C’est en d’autres mots le jeu qu’on donne à notre petite folie pour ne pas qu’elle joue contre nous.

La deuxième dimension est le jeu que nous donnons aux autres pour qu’ils soient aussi eux-mêmes. Nous ne pouvons pas être humain tout seul. Nous devons être au moins deux pour allumer nos phares. C’est pourquoi nous devons prendre conscience de la lumière qu’on projette sur les autres et les laisser rayonner naturellement pour qu’ils acceptent aussi leur petite folie.

Et finalement la quatrième et la troisième dimension, c’est l’émergence du génie de la vie qui s’éveille spontanément dans le jeu, dans l’espace qu’il y a entre nous. C’est ce qui nous fait entrer dans un jeu plus vaste que notre petit « je » comme si nous formions un grand réseau de phares interstellaires et que nous devions faire face ensemble aux grands enjeux d’une époque donnée. C’est en quelque sorte réaliser que « nous sommes l’incarnation locale d’un Cosmos qui prend conscience de lui-même. » comme l’a écrit notre ami et gardien de phare d etoiles Carl Sagan.

C : Cette troisième dimension pourrait être comparable au chemin qui mène au sens et à la réalisation de soi, ce que Jung a appelé le « processus d’individuation » ?

MC : Exactement car l’individuation c’est le processus d’incarnation d’une originalité à part entière, d’une voix unique, c’est un phare qui a un point de vue et qui exprime un jeu de perles et de lumières unique dans le monde et sur le monde qui a tendance à tout massifier et tout coller et uniformatiser. Avoir le sens du jeu c’est être dans un processus d’individuation bizzart avec aucune certittudes d atteindre un resultat ou un but, à moins bien sure que le but ou le resultat désiré soit de jouer et de creer des relations avec les autres et le monde.

Le processus d’individuation se trouve là : dans le fait d’accepter que mon petit Je à moi puisse influencer le grand Jeu de la société et du monde. Lorsque je trouve la place de mon petit Je et qu’il se relie au grand U de l’Univers et qu’ainsi il crée un Je-U unique !

« Individuation » ou « synchronicité » sont des termes qui peuvent paraitre complexes car très spécifiques à la psychologie mais qui s etendent maintenant dans le principe de symphonicité. Nous avons voulu redonner de la poésie à ce vocabulaire souvent bien trop figé, tout en gardant bien sûr la rigueur du langage. C’est notre façon de donner du jeu à ce concept ! Lorsque nous donnons du jeu, de la poésie au langage tout en respectant les lois des terrains de jeu quantique et classique, de nouveaux mondes s’ouvrent à partir du monde que l’on connait et ou que nous faisons co naitre en nous et entre nous.

Le sens du jeu, c’est pour moi une autre manière, plus vivante, plus ludique et poétique de parler de l’individuation qui peut devenir un concept marketing et constiper avec des fleurs et du caca en plastiques les Ken et Barbie Miss perfecto du monde des licornes et des coachs de vie ou tout doit etre toujours pur, blanc et toujouts tout doit etre parfait….. 

Et pour cela, nous proposons une voie qui pourrait s’appeler de la psycho-philo-poésie-scientifico–Bizzart,

C : Je n’avais jamais pensé que le champ du jeu pouvait être aussi vaste ! La dimension spatiale que vous apportez au mot « jeu » est très originale, elle crée un nouvel espace de réflexion qu’il est tentant d’aller explorer, quitte à ce que ça parte dans tous les sens !

MC : Mais c’est très bon signe ! Partir dans tous les sens, c’est s’ouvrir au hasard et partir de la réalité que la vie elle-même part dans tous les sens. C’est le point de départ idéal de la création…mais pour cela il faut savoir quitter notre idéal comme Barbie et son Barbie ou KenLand justement ! Hélas, ce point de départ est tellement le point d’arrivée de beaucoup de monde. A chaque processus créateur, on a l’intuition d’un idéal et on part vers celui-ci. Et puis ça part dans tous les sens, car c’est l’essence même de la création que de partir dans tous les sens !  

De toute façon,  si on n’accepte pas de partir dans tous les sens, nous ne pourrons pas jouer avec notre idéal, et c’est lui qui jouera avec nous. Plus on veut aller dans l’idéal, moins il y a de trouvailles vivantes et spontanées.

C’est pour cela qu’à un moment donné du processus, il faut savoir sacrifier l’idéal sinon les idées pourront rester très longtemps dans le formol de l’idéal. Un processus de destruction de l’idéal est nécessaire pour jouer. D’ailleurs le pédiatre Donald Winnicott le souligne également : l’enfant, dans son processus créateur est à la fois celui qui détruit l’univers mais qui le recrée ensuite avec son imagination.

Cela signifie aussi que plus on accepte de partir de ce qui est là dans le concret, plus paradoxalement la poésie arrive. C’est vraiment le jeu d’opposés qui se fait. Plus j’accepte de m’incarner, plus il y a de la poésie et de la spiritualité dans ma vie. Plus je suis dans la recherche abstraite de la perfection, de l’idéal, de contrôle, moins je laisse d’espace à la création.

Récemment, j’en ai eu un bel exemple en assistant à l’une des répétitions de la pièce Pique, mise en scène par Robert Lepage, un de nos grands auteurs et metteurs en scène québécois. A un certain moment dans la pièce, un morceau du décor est tombé sur la scène. Et bien, au lieu d’arrêter le spectacle, tout le monde a continué à jouer avec la nouvelle configuration de l’espace, le plus naturellement du monde.

Les gens créatifs savent jouer avec le hasard car ils acceptent tous les sens qui se présentent à eux lorsqu’ils sont dans la phase de création.

Tous les artistes qui nous inspirent en rayonnant pleinement leur présence savent jouer avec les obstacles que la vie leur propose. Ils aiment et « inattendent » la vie pour reprendre un mot que j’ai inventé dans Dense est le chaos. Jouer, aimer et inattendre, c’est donc au fond la même chose. Et cela ne consiste pas à avoir aucune attente, mais au contraire à s’attendre à tout !

C. : Et être donc pleinement ouvert aux hasards de la vie et aux archétypes qui nous attirent, nous étirent, nous poussent, nous repoussent. Votre premier livre s’appelle d’ailleurs « Les Attracteurs de l’âme ». Vous pensez vraiment qu’il existe des hasards plus nécessaires que d’autres qui nous attirent et d’autres qui nous étirent ? Vous croyez vraiment qu’en plus de la pseudo loi de l’attraction il y a l’anti loi de propulsion ?

MC : J’ai exploré en particulier un grand rayon du hasard qui est celui de la synchronicité. C’est à l’origine le psychiatre Carl Jung, qui, fasciné par des séries de coïncidences qui lui semblaient si chargées de sens que les expliquer par le simple hasard lui paraissait trop improbable, décida de consacrer ses recherches à ce phénomène, avec la collaboration du physicien Wolfgang Pauli, un des fondateurs de la mécanique quantique. Il proposa alors le terme de « synchronicité » (du grec, « sun », « avec » qui marque l’idée d’une union – et « kronos », « le temps ») pour caractériser la simultanéité mais surtout (Merci à Francois Martin et Alian Connes) À la « Séquences » d’au moins deux faits ne présentant aucun lien de causalité, mais dont l’association prend un sens significatif pour la personne qui les perçoit.

Nous ne parlons pas ici de retro causer avec ce qui nous tombe dessus mais bien d’embrasser l’indépendance des causes dans la vie qui permet à la gratuité, la spontanéité, la créativité d’émerger vraiment et pas seulement mimer ou copier un algorithme du pas assé du passé…

Pour ma part, je me suis intéressé plus précisément aux rencontres synchronistiques et symphonistiques qui sont en quelque sorte, les rencontres phares de nos vies car elles créent véritablement un avant et un après et portent une énergie, un groove et une musicalité unique !
C’est impossible de copier, de mimer, de programmer et ou d’algorithmé une rencontre phare de type véritablement symphonistique…

Elles surgissent bien souvent par le biais de nos manques, de notre vulnérabilité, c’est-à-dire là où la vie nous a touché, là où cela crée une faille, un trou. Par ce que nous appelons l’energie transparentale qui est l autre nom pour l enegrie noire et ou transparente

Ces rencontres sont comme des portails dans le film Cosmos, des trous de verres du jeu des perles de verres dirait Herman Hesse. Une grande rencontre, c’est paradoxalement comme entrer dans un trou créateur qui nous fascine et nous fait peur lorsque nous sommes habituées de fonctionner comme un robot avec les GPS des retro causalistes et que nous oublions que le hasard vient à notre rencontre gratuitement et spontanéement et sans causes parfois.

Les météorites du hasard tombent dans nos manques, dans nos failles inconscientes et quantiques si je puis dire… Et c’est souvent une occasion de decouvrir une nouvelle perle ou une nouvelle energie dans l ombre et faire la lumière là où la vie nous a frappé, nous a touché. C’est cela du hasard nécessaire, c’est du hasard nécessaire pour allumer notre petit coin du monde. L’idée du hasard nécessaire qui était présent dans mon premier livre Les attractions de l’âme revient comme un motif musical ici. C’est-à-dire, un hasard nécessaire à quoi ? Nécessaire à éclairer, à mettre en lumière, à mettre de la vie. Le hasard est nécessaire à remettre de la vie dans la vie ou du jeu dans la vie.

J’aimerais que l’on se rende compte qu’il y a quelque chose de naturel, d organique, de comique, de cosmique, de vivant dans la synchronicité et qui est directement relié au sens du jeu.

C. : On revient finalement à la question du sens, et le risque à un moment donné c’est de vouloir en manifacturer, en vendre et donc en trouver partout, jusque dans les moindres parcelles de nos vies. Ce qui finit par devenir du non-sens. Peut-être du non-sens nécessaire d’ailleurs ?!

MC : Je ne sais pas si la vie a un sens, mais si elle en a un, c’est probablement une onde de sens un peu comme dans l »essence du sens du jeu qui se trouve au coeur du Soleil et des etoiles. C’est-à-dire qu’elle joue constamment avec ses possibilités.  N’est-ce pas Novalis qui disait jouer, c’est expérimenter le hasard ?

Ce que je vois que c’est les gens qui cherchent du sens à tout prix (donc qui en achetent a fort prix) dans les synchronicités sont souvent eux-mêmes joués par quelque chose. Et le prix à payer pour ne chercher que du sens à tout prix, c’est de perdre la gratuité, l’a causalité inhérente à la synchronicité. Ils sont comme ceux qui ne font les choses que si elles leur rapportent quelque chose.

Et vous avez raison, toutes ces personnes finissent par tomber dans le non-sens. Regardez a quoi ont jouée la secte des retro cuasaliste lorsque l’echo vide de la covid est « tombé’ en nous et entre nous. Ils ont tentée de nous vendre leur sens car comme ca ca leur evite de plonger dans le chaos de leur essence….

C’est d’ailleurs la même dynamique que celui qui est dans un jeu pathologique. Le jeu pathologique est un rétrécissement du sens du jeu, tout comme la superstition. Par exemple, on peut dire que tous ces joueurs qui entrent dans les casinos pour jouer à des jeux d’argent, en portant sur eux un objet porte-bonheur, une couleur fétiche, sont piégés dans la causalité de leurs amulettes et leur véritable sens du jeu s’en trouve rétréci.

J’ai écris Les Attractions de l’âme il y a plus de dix mille ans, et avec le cheminement que j’ai fait depuis, je me suis rendu compte que l’essence de la synchronicité c’est de jouer avec le sens des évènements comme nous nous intriquons a des perles. Et non pas tomber dans une sorte de superstition par rapport aux évènements auxquels nous attachons de la gravité de l energie du temps, du sens trop longtemps et trop rigemenet comme Darth Vader dans le jeu de la guerre des desirs et des etoiles. La recherche de sens à tout prix, fait perdre toute sa valeur au sens. Han Solo a cacthé ca assez vite d ailleurs lorsqu il ses t fait trahir par sa premiere blonde et son ami Lando qui l a enfermé dans un bloc de glace avant de se faire liberer par la plus puissante des jedis dont je ne vous dit pas le nom ici…

C. : Oui je vois, c’est un avaleur de sens en quelque sorte ! Vous évoquiez précédemment nos failles à travers lesquelles le hasard aime s’engouffrer. Si je vous suis bien, nous avons deux possibilités vis-à-vis de nos manques, soit on essaie de leur donner du jeu, soit ils se joueront de nous et nous risquerons, par la même occasion, de les faire subir aux autres ?   

MC : Tout à fait, on revient encore une fois sur la notion phare du jeu avec la vie : soit on joue, soit on est joué. On est joué par nos manques lorsqu’ils n’ont pas été éclairés ou que les météorites du hasard n’ont pas eu assez d’impact. J’entends souvent des personnes qui sont persuadées que pour se mettre en couple, ou pour s’autoriser l’amour dans leur vie, elles doivent avoir guéri toutes leurs blessures et tous leurs manques. Mais c’est faux. Il se peut qu’on ait besoin de nos blessures pour rencontrer l’autre, et que ce soit dans cette faille-là aussi que l’on se rencontre soi-même. C’est dans et à travers nos manques que l’on construit une relation. Certes, si c’est uniquement dans le manque qu’elle se construit, elle va se perdre, mais on oublie trop souvent que la rencontre de deux manques est une formidable occasion de création.

Comme je le dis dans mon livre, je ne sais pas ce qui vous manque pour jouer votre Je-U, mais ce qui vous manque profondément, donnez-le ! Creusez et puisez dans les chocs ou les plus grandes injustices de votre vie et vous trouverez votre essence. C’est cet essence auquel vous donnerez du jeu et votre reconnaissance qui pourra alimenter votre feu unique. C’est dans nos manques que se trouvent nos dons les plus précieux. Parce qu’au fond, un don, ce n’est pas seulement quelque chose qu’on a, c’est surtout quelque chose qu’on donne!

C’est ainsi que progressivement, notre « je-U » devient notre façon unique d’être ce que l’on est et qui ne sera joué qu’une fois dans les milliards de milliards de jeux humains qui sont joués depuis le début de l’humanité.

La blessure est l’endroit où la lumière entre en vous a écrit Rumi. Dans ce trou peut passer la lumière unique de notre phare, ce don précieux que nous pouvons offrir au monde.

Le hasard crée une rencontre, et le hasard est nécessaire à créer une rencontre. Ensuite, il y a tout un travail de sens à faire.  Et finalement, le travail du sens c’est le travail du jeu. A chaque nouvelle relation, on aura l’occasion de choisir à quel jeu on veut jouer avec ce partenaire-ci.

Comme je le disais précédemment ceux qui jouent vont partir de ce qui est là pour inviter la vie, tandis que ceux qui sont joués, vont fuir ce qui est là afin d’éviter la vie. Et notre rapport au hasard est le même ! Est-ce que j’invite ou est-ce que j’évite le hasard qui se produit dans ma vie ?

C : A la fois, lorsque l’on a régulièrement le sentiment d’avoir été joué au sortir d’une relation, on n’a plus une très grande envie de l’inviter le hasard ! Et le pire  dans ce contexte, c’est que l’on a l’impression que ces relations se répètent, que l’on « attire toujours le même type d’hommes, de femmes, de circonstances », que « ça se finit toujours de la même façon »…

MC : C’est juste, et je crois que lorsqu’on atteint ce cycle répétitif, il est temps et nécessaire de se poser à soi-même une question essentielle : Et moi, à quel jeu je joue avec ces gens-là ? Si je pense qu’ils se jouent de moi, quel est mon jeu à moi vis-à-vis d’eux ? 

Et si on se répond honnêtement, une seconde question fondamentale coulera de source : non seulement, à quoi je joue, mais à qui je joue ?

Il sera alors temps d’apprendre à jouer un rôle consciemment, afin de déjouer ceux qui se jouent de nous. Cela redonne ainsi sa dimension ludique au rôle. Déroulons nos rôles et remettons le rôle du rôle à sa juste place : une norme nécessaire dans l’organisation des interactions sociales.

C : Ces questions sont effectivement essentielles pour commencer à éclairer la mécanique de notre système de répétition, mais la difficulté est de taille : se rendre compte qu’on joue un jeu ! Comment arriver à se poser cette question ? On ignore qu’on joue un jeu lorsqu’on est enfermé dans un cercle répétitif…

MC : D’où l’importance du hasard ! C’est lui qui, en nous présentant des occasions de jouer avec nos failles, nous invitera à nous poser ces questions et à trouver nos propres réponses. Elles nous sont propres, même si elles peuvent paraître parfois sales aux yeux des autres !  Tout ce qui ne vient pas (jouer) à la conscience et ou jouer avec ce que nous appelons la Conscience, ca revient jouer avec et souvent contre nous sous la forme d un dessin d’un programme automatique de destin, disait Jung. Alors se mettre en quête de nos réponses devient non seulement essentiel mais nécessaire, avant que le destin se joue de nous !

Si je pense que je n’ai jamais été écouté dans ma vie, que les gens n’ont jamais pris soin de m’aimer, qu’ils ne m’ont jamais donné de l’importance… Alors le hasard va me présenter des « hasards nécessaires » de personnes qui vont jouer avec moi sur ces failles-là. Et tant que je n’aurai pas saisi le message, je me servirai de ces personnes pour confirmer mes croyances : « Vous voyez bien qu’on ne me donne pas d’importance, il (ou elle) m’a encore laissé(e) tombé(e) » … Et ça se répétera jusqu’à ce que je prenne conscience du sens. Lorsqu’on choisit de jouer la victime, il y a une prédisposition à choisir ce rôle mais il faut savoir qu’il n’est pas complètement déterminé ce rôle-là.

On peut toujours décidé de jouer un autre rôle, même dans la situation où l’on se pense joué par l’autre. Je pense qu’il est important de préciser que le sens n’est pas là avant. Le sens se crée à partir de notre interaction (ntrication) Relation) avec l’évènement. C’est pourquoi j’aime dire que le jeu de la vie se joue avec un dé pourvu de sens… Mais je vais choisir le sens que je veux donner au dé. Il s’agit d’une dimension qualitative du sens et non pas quantitative.

C : Votre phrase me fait penser à la phrase d’Einstein  « Dieu ne joue pas aux dés »…

MC : Et moi la vôtre à celle de Robert Lepage, dont j’ai parlé tout à l’heure, qui a complété cette citation dans l’une de ses pièces en ajoutant : Dieu ne joue pas aux dés … mais le Diable oui !

…A suivre…

Reste à évoquer dans la seconde partie :

Le temps, le temps libre, les passe-temps,

L’industrie du loisir,

Le jeu avec les technologies et ouvrir la porte sur l’idée que l’on cherche une transcendance à travers toute cette technologie, « l’alchimie numérique ».

.

Partie enlevée :

C : Finalement, ne pas admettre le hasard et préférer l’attribuer à la décision de Dieu, c’est transformer notre peur de l’inconnu en un super pouvoir divin qui nous dépasse…

MC : C’est tout à fait ça et dans ces cas-là, Dieu fait office d’objet transitionnel, comme l’expliquait Winnicott. Dieu cache l’angoisse de l’inconnu, on se réfugie derrière notre croyance et elle calme notre angoisse.

C’est central, car par rapport à toute la psychologie du Nouvel-âge où apparemment je crois que Dieu intervient dans ma vie et en même temps j’ai l’impression que je suis libre. Mais si je dis que Dieu détermine ma vie, c’est que je ne suis pas libre ! Et ça c’est un paradoxe qu’on voit partout avec la synchronicité ; les gens disent c’est « Dieu », « Destin », « Karma » qui a décidé… Alors ça veut dire que tu n’es pas libre puisque tu penses que c’est le Karma qui a choisi pour toi !

C. : C’est vrai que le mot Karma est très en vogue ces derniers temps…

MC : C’est à cause de l’Homo Karma… celui qui vénère le Dieu de la causalité !

C : Un proche parent de l’Homo Caliméro je crois…

MC : La symbolique de ce personnage est très intéressante… Il a gardé un morceau de sa coquille car il a peur que quelque chose lui tombe sur la tête, il n’est finalement jamais tout à fait sorti de son œuf. Il reste dans l’âge de sa coquille, une sorte de coquille-âge !

Quelqu’un qui vit sa vie comme un Caliméro se sentira toujours joué par les autres, par la vie et par l’avis des autres ! Au lieu d’inviter la vie à jouer, il passera son temps à éviter la vie, de peur qu’elle se joue de lui. Et on en revient aux manques et aux failles… Le Caliméro est joué par ses manques, c’est même son essence. Son essence c’est d’être joué par ses sens dans tous les sens !

A compléter…To be continued…

Notes & idées encore en vrac, à mettre en forme dans la suite de l’entrevue :

C : On n’a jamais couru autant après le temps que dans notre société de loisirs, ce qui peut sembler paradoxal…

MC : Une société des loisirs c’est une société qui veut faire passer le temps alors que c’est nous qui passons dans le temps. Et la synchronicité c’est arriver à passer dans un temps qui est bien plus profond que le temps du loisir ou du passe-temps. D’ailleurs cette société est paradoxale avec le sens du jeu car plus on est dans le sens du jeu, plus le temps est profond.

C’est magnifique la technologie… tu peux aller partout grâce à ton GPS mais le problème c’est tu ne sais plus où tu veux aller !

C : Et lorsqu’il y a trop de techniques, ça déshumanise il n’y a plus de jeu mais seulement des passe-temps…

MC : C’est vrai, toutes les techniques sont prétextes à faire passer le temps, et on en veut toujours plus. On accumule alors les méthodes, les formations, et les techniques diverses. Dans mon livre, j’utilise la métaphore des phares : on technologise trop et il n’y a plus de présence vivante.

Je n’ai pas envie de moraliser quoique ce soit, je souhaite juste inviter les gens à penser, et à se poser ensemble les bonnes questions : réfléchissons à la façon dont nous utilisons nos techniques et nos technologies, et aussi réfléchissons à notre manière d’utiliser nos croyances… On perd notre liberté lorsqu’il y a trop de techniques, et je ne parle pas seulement de la technologie… Il n’y a qu’à regarder le nombre de techniques que nous vendent les coaches de toutes sortes !

C : C’est ce que vous avez appelé le Shopping Existentiel, et ce qu’avant vous, Krishnamurti nommait déjà en 1970 le Lèche-vitrine Spirituel…

MC : à développer…

Le temps :

MC : La Conscience du temps c’est la 4ème dimension du sens du jeu qui est imbriquée dans les trois autres et ouvre la porte sur le non-temps et sur le fait que le temps, a un certain niveau, il est tout imbriqué, tout replié sur lui-même. Quand tu vis une synchronicité, c’est l’incursion d’un 4ème temps qui traverse les trois autres dimensions. C’est du non-temps qui arrive dans du temps. C’est donc toute la notion du Kairos. Le Kairos est la 4ème dimension du sens du jeu.

Le temps on peut le vivre en deux mouvements : soit avec le Kairos soit avec le Kronos.

Le dieu grec Kairos est représenté par un jeune homme qui ne porte qu’une touffe de cheveux sur la tête. Quand il passe à notre proximité, il y a trois possibilités : 1) on ne le voit pas ; 2) on le voit et on ne fait rien ; 3) au moment où il passe, on tend la main pour saisir sa touffe de cheveux et on saisit ainsi l’opportunité

chronos est le temps physique, linéaire, qui s’écoule ; aion est le temps qui représente le cycle de l’humanité ; kairos est le temps de l’occasion opportune, le bon moment pour agir.

Le temps est la 4ème dimension du jeu : il indique le temps donné et il marque la limite du temps de jeu.  La durée du jeu est limitée par le temps.

On a un temps donné pour jouer notre jeu, On joue notre jeu dans un temps donné mais ce jeu a commencé bien avant notre arrivée alors il y a du temps pas mal plus vieux que moi dans le jeu que je joue. Autrement dit j’arrive dans un partie déjà commencée !

On pourrait alors considérer le temps comme une partie du terrain de notre jeu…

La partie se joue dans un temps imparti !

Je joue une partie du temps

(le lier à l’idée des passe temps ?) Je passe dans un temps donné. Je suis le passe-temps de l’Univers finalement.

Fuir le temps à travers L’espace temps qui temps vers les passe-temps

Epatant, non ?

Laisser un commentaire